Vous venez de passer la moitié de la journée à siffler des galopins et êtes déjà plein comme une aubergine, mais votre montre à gousset vous indique qu'il est sans doute encore bien trop tôt pour aller cuver vos chopines à l'ombre de votre baldaquin... Heureusement pour vous, la vie de patachon peut généralement vous offrir bien d'autres horizons que de rentrer vous coucher sagement comme un con...
Je partirai pas sans boire la tournée du patron !
Si vous êtes chômeur de longue durée, vous pouvez profiter de cet élan de dignité pour vous présenter à un entretien d'embauche spontané ; ce savant mélange d'audace et de nonchalance vous assurera à n'en point douter un franc succès. Et si vous faîtes encore tout foirer, dîtes-vous qu'au final, ça valait tout de même le coup d'essayer...
S'il reste des bouteilles à moitié pleines dans vos placards, rien de vous empêche de continuer à boire. Ce soir, je miserais d'ailleurs volontiers sur le fait que vous allez enfin réussir à cogner le bar...
Vos amis sont de gros cons qui débarquent généralement les mains vides pour siffler vos meilleurs bouteilles d'antidote avant d'aller pisser sur le carrelage de vos chiottes. Mais ce soir, vous êtes bourré juste ce qu'il faut pour leur dire qu'au fond, vous les aimez malgré tous leurs défauts quand même. Et même si vous ne le pensez pas, cet élan d'affection augmentera grandement vos chances de succès la prochaine fois que vous essayerez de leur taper un petit billet...
Vous pouvez aussi choisir finalement de rentrer vous pieuter sagement aux côtés de votre dulcinée car lorsque vous vous réveillerez demain après-midi, il faudra lui annoncer qu'hier soir, vous avez perdu toutes vos économies au poker alors que – nom de Dieu, vous aviez pourtant une main d'enfer...
Malgré tous vos efforts, votre gonzesse vous en fait généralement voir des vertes et des pas mûres ; alors ce soir, l'heure de la vengeance a sonné – un plat de gourmet qui se mange parfois à la température du corps. Demain matin, elle découvrira donc à ses dépens qu'en rentrant hier soir de biture, vous avez pissé dans le frigo, chié dans la baignoire et vomi dans la voiture.
En rentrant du bistrot après avoir éclusé des demi pression à profusion, rien de tel que de réveiller ses gamins pour leur cravacher la gueule à grands coups de ceinturon ; vous y aviez droit quand vous étiez môme, et tout le monde sait que vous avez toujours été très à cheval sur les traditions...
A l'heure où les démons de minuit vous entraînent au bout de la nuit, vous pouvez également tenter d'entrer en discothèque histoire d'aller guincher sur le dernier tube de Pierre Bachelet. Et si le videur vous refuse l'entrée en faisant une remarque déplacée sur la tache de vomi qui macule votre sous-pull, menacez-le de revenir à la fermeture accompagné de quelques gitans pour le tabasser sauvagement. Accessoirement, préparez-vous ensuite à vous barrer en courant...
Extrêmement déçu par le fait que le DJ n'a ce soir encore pas passé la moindre chanson de Pierre Bachelet... compte tenu de votre manque de succès auprès de la gente féminine pendant la première partie de soirée, vous pouvez toujours aller vous payer les services d'une professionnelle qui, elle – et même si votre haleine empeste le tabac froid et l'anisette, ne manquera pas de vous accepter tel que vous êtes...
Vous saviez que vous alliez pas mal écluser et c'est d'ailleurs pourquoi vous avez pris la sage décision de ne pas prendre votre voiture ce soir, d'autant que le banc de cet arrêt de bus fera parfaitement l'affaire pour vous taper un petit roupillon à la santé de Bacchus. Demain matin, vous aurez choppé la crève et on vous aura volé vos chaussures mais peu importe ; ce qui ne tue pas rend plus fort et vous avez été élevé à la dure...
Entre boire et conduire il faut certes choisir mais vous n'allez tout de même pas rentrer à pieds quand même – faut pas déconner... Conduire en état d'ébriété est par ailleurs l'apanage de tout bon Français alors ne bouclez pas votre ceinture et foncez droit dans un platane ou un menhir. Si vous vous en sortez en un seul morceau, ça vous fera toujours un souvenir à raconter à vos potes de bistrot...
Un verre, ça va – trois verres, ça mieux... mais après le dixième verre, il se pourrait bien que vous ayez besoin d'un témoin pour vous expliquer pourquoi vous vous êtes réveillé à poil dans une poubelle avec un tatouage sur les fesses. Alors mettez un peu le holà et réservez-vous pour l'au-delà car j'ai entendu dire que l'alcool était duty free derrière les portes du paradis...